Giuseppe Castiglione
peintre à la Cour des Qing (Milan 1688- Pékin 1766)
Entré chez les Jésuites en 1707, Giuseppe Castiglione reçoit pendant son noviciat une solide formation de peintre et exerce ses talents dans la peinture religieuse. Jeune missionnaire jésuite et peintre, il quitte l’Europe en 1714 et arrive à Macao en juillet 1715, soit lors de la 54ème année du règne de Kangxi (1662- 1722). Il est présenté à l’empereur en novembre à Pékin, capitale des Qing.
Kangxi, deuxième empereur de la dynastie mandchoue des Qing (1644-1911) est doué d’une intelligence brillante et d’une vaste culture. Fin lettré, il éprouve un vif intérêt pour les sciences et les arts. Grâce à leurs connaissances scientifiques notamment, les Jésuites font l’objet de l’estime et de la sollicitude de l’empereur. Par contre celui-ci se montre nettement plus réservé à l’égard de la religion chrétienne. A sa mort à l’âge de 69 ans, les missionnaires, persécutés depuis le début de son règne, sont néanmoins conscients d’avoir perdu leur plus grand protecteur. Aucune peinture signée de Castiglione datant du règne de Kangxi ne nous est parvenue.
L’empereur Yongzheng, quatrième fils de Kangxi lui succède. Les trois seules œuvres signées et datées de cette ère sont conservées au musée de Taiwan.
Le fils aîné de Yongzheng, âgé de 24 ans, lui succède sous le nom de règne Qianlong. Grand lettré, amateur d’art et peintre habile, l’empereur manifeste face au christianisme la même défiance que ses prédécesseurs. Mais s’il interdit formellement aux Chinois et aux Mandchous toute conversion, il permet aux missionnaires d’exercer librement leur culte.
Le jeune Qianlong, sensible à la peinture de Castiglione se rend presque quotidiennement le regarder peindre dans son atelier. A cette occasion, le peintre tente hardiment à plusieurs reprises, mais en vain, d’intercéder en faveurs de ses pairs chrétiens. Qianlong est inflexible. Le temps où les Jésuites jouissaient de prestige et de privilèges sous le règne de Kangxi est bel et bien révolu.
D’un point de vue artistique et technique, la peinture de Castiglione est d’une grande nouveauté pour les Chinois. Les caractéristiques de l’art pictural occidental telles que la perspective, le traitement des volumes, des contrastes et des ombres, l’usage de l’huile, l’intérêt pour l’anatomie et la justesse des proportions font l’admiration des peintres de la cour et des empereurs eux-mêmes. Le talent de Castiglione est d’avoir su allier avec bonheur ces procédés à ceux de la tradition picturale chinoise, art essentiellement linéaire, faisant un usage savant de l’encre et des couleurs à eau, représentant l’espace au moyen de « vide et pleins » et de points focaux multiples. Castiglione crée un style personnel basé sur des techniques occidentales mais augmenté d’un souffle et de principes typiquement chinois. Se conformant au goût affirmé des empereurs, il emploie le papier, la soie, le pinceau et des couleurs extraites de plantes et de minéraux. Il signe ses œuvres en caractères chinois de son nom sinisé Lang Shining.
Castiglione a réalisé un grand nombre de tableaux pour les empereurs Qing, mais seuls ceux réalisés pour Qianlong, qui lui portait une grande estime, ont été conservés en nombre.
Castiglione excelle notamment dans l’art du portrait, dans la peinture de personnages, d’animaux, de paysages et d’événements historiques. Il s’est particulièrement distingué dans la peinture de chevaux, qui tient une place importante dans la tradition chinoise. La nouveauté de son style fait des admirateurs et des émules; il enseigne son art à des disciples, et aujourd’hui encore on peut citer le nom d’une dizaine d’entre eux.
Outre son talent de peintre, Castiglione fut aussi un brillant architecte. Il fut désigné par Qianlong pour la conception et les dessins des plans de constructions occidentales pour les jardins des Palais d’Eté notamment.
Le premier catalogue des œuvres de Castiglione, le «Lang Shining huazi » a été publié à Pékin en 1931.
Bibliographie : « Giuseppe Castiglione, peintre jésuite à la cour des Qing » de Cécile et Michel Beurdeley, Office du Livre 1971.
Vente Beaussant-Lefèvre 27 mai 2004
Estimation 15/20.000 €