- Lot n° : 120
Boite de forme ronde en laque noire
“Boite de forme ronde en laque noire sculptée sur fond rouge dans un médaillon central à décor de grues en vol dans les nuages, de trois dignitaires à cheval sur une terrasse devant un palais accueillis par quatre serviteurs tenant des offrandes. Deux daims se tiennent près de la rivière s’écoulant sous un pont. Un intendant se tient debout devant l’entrée de la porte. Le médaillon central est entouré de frises de fleurs de lotus dans leur feuillage. Le pied orné d’une frise de leiwen sculptée. Sur un pilier du pavillon, signé Pingliang Wang Ming diao (Sculpté par Wang Ming à Pingliang. (Accidents, restaurations). H. 14 cm. Diam. 23,5 cm.
Référence:
– Plat avec décor similaire comportant la marque de Wang Ming et une date de Hongzhi 2 (1489), ainsi que le poème de Wang Bo, Pavillon du Prince Teng, conservé au British Museum, Londres, n°1980,0327.1;
– Boite similaire comportant la marque de Wang Ming, conservée à la Freer and Sackler Gallery, Washingont, n°F1968.76a-b.
— Boite similaire comportant la marque de Wang Ming, vente Christie’s New York, 16 – 17 September 2010, lot 1254.
– Boite similaire dans Laques chinois du Linden-Museum de Stuttgart, 11 avril – 26 mai 1986, n°21, p.71, n°inventaire OA 20.750L, sans marque.Pingliang se situe dans la province de l’est du Gansu, proche de la montagne du Kongtong, vénérée par les taoistes, car réputée être le lieu de rencontre de l’empereur jaune Huangdi, avec le maître taoïste Guangchengzi.
La vie de l’artiste Wang Ming est peu connue. Il produit des objets en laque de grande qualité sous le règne de l’empereur Hongzhi (1488-1505) dont il ne reste que peu d’ex
emplaires. Un des détails qui le caractérise, est l’apposition de sa signature disposée et incisée dans le laque discrètement dans le décor, comme par exemple sur des colonnes d’un pavillon (cf l’assiette du British Museum, et sur cette boite) ou dans le décor naturel comme sur des rochers (Cf boite Christie’s New York, 16 – 17 September 2010, lot 1254). La signature se fond ainsi dans la scène, de façon à peine perceptible pour un œil non averti ce qui est exceptionnel pour cette période au cours de laquelle les artisans restaient anonymes. On retrouve aussi un décor avec des personnages dans un univers assez compact, sans grand espace.
Cette boite ronde en laque «tihei» aux parois bombées à décor délicatement sculpté dans un médaillon central sur le couvercle de grues en vol dans les nuages, symbole de longévité, représente un pavillon entouré de pins et de bambou, jonché au bord de la rivière s’écoulant sous le pont avec en premier plan deux daims, symbole de longévité et un cortège d’hommes à cheval accueillis par des serviteurs sur fond de croisillons fleuris. La bordure supérieure du couvercle et la partie inférieure de la panse sont ornementées de frises de lotus dans leur feuillage stylisé, deux bandes étroites en bordure de la boite et du couvercle agrémentées de fleurs de chrysanthèmes et de lotus.
Le terme chinois «tihei» ,« 剔黑 », mot à mot «noir sculpté», correspond au laque noir sur rouge, et se réfère au laque sculpté ou coupé, technique la plus importante de faces multiples dans l’art du laque chinois. Cette méthode se développe au cours du XIVe et XVe siècle sous la dynastie Ming (1368-1644). Très coûteuse, cette technique s’étale dans le temps car elle implique une ciselure abstraite géométrique ou une représentation du décor dans le laque, dont chaque étape seule s’étendait souvent sur plusieurs mois afin d’être complétée au fur et à mesure. Plusieurs couches de laque plus ou moins fines sont appliquées sur bois recouvert de tissus, puis elles sont lissées, poncées et polies après avoir séchées. L’accumulation des couches de laque ne peut être amorcée tant que ces différentes étapes ne sont pas terminées. Des couches extrêmement fines de laque sont apposées les une après les autres, chaque couche individuelle nécessitant plusieurs jours de séchage, avant que la couche suivante ne puisse être appliquée. L’accumulation des couches de laque sculptées a une épaisseur totale moyenne de trois à quatre millimètres, ce qui correspond à une centaine de couches appliquées individuellement ou plus. Sous les Ming, à la différence de la dynastie Yuan, les thèmes traitent de paysages, de personnages, d’oiseaux et animaux, et la sculpture semble plus vive.
4 juillet 2019 SCP Trouve Philippe